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 [RIP] Oscar Peterson

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dom's
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dom's


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MessageSujet: [RIP] Oscar Peterson   [RIP] Oscar Peterson EmptyMar 25 Déc 2007, 00:44

Crying or Very sad

La seule fois que je l'ai vu c'était en 2003 à Jazz In Marciac, magnifique concert donné par ce géant du jazz déjà bien malade de l'une de ses mains mais il nous fit un vrai festival (c'est le cas de le dire) de l'autre, il était accompagné de ses fidèles compagnons tous de grands musiciens eux aussi. Un concert de haute envolée.

Oscar Peterson piano
Ulf Wakenius guitare
NHOP contrebasse
Martin Drew batterie

Oscar à Marciac le 04-08-2003
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Sisyphe

Sisyphe


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MessageSujet: Re: [RIP] Oscar Peterson   [RIP] Oscar Peterson EmptyMar 25 Déc 2007, 12:44

Quoi ? il vient de mourir ? shit ! Comme James Brown à noël dernier Sad...
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Narkotik




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MessageSujet: Re: [RIP] Oscar Peterson   [RIP] Oscar Peterson EmptyMar 25 Déc 2007, 13:39

Le premier riff de piano serpente, entre dans la mélodie qu’ont tissée les cuivres sans qu’on s’en aperçoive – on a la peau tout d’un coup parcourue d’onctueux frissonnements… Tout grand jazzman est aussi grand pourvoyeur de volupté, qui prétend le contraire se goure et nous distrait de l’essentiel – qu’il assume seul ses insuffisances tandis que nous écoutons Oscar.

En écriture comme en musique, et bien que tendant sans cesse à la plus extrême concision – et parfois sans succès – j’ai toujours été fasciné par le bouillonnement, l’ébullition et l’abondance… le pullulement s’il s’inscrit dans un ordre donné – et à y regarder à deux fois une espèce de rigueur quasi mathématique – m’exalte tant il est la toile de fond basique dont l’établissement peut déclencher toute forme de création, pour ensuite réguler celle-ci et parfois même la circonscrire dans des rets empêchant le chaos.

Oscar Peterson a une main droite comme un reptile. Pas question de bondir sauvagement, elle sinue en catimini vers sa proie qu’est par nature la portée, elle pique à petits points agiles un ourlet sur la gamme dans une souple ondulation qui donne une certaine tendresse à la volubilité des notes (toujours un peu trop bavardes), exactement comme l’apaisement et la moiteur des terres contrebalance, quelques instants après, le fracas des orages.

Pendant toute une vie mon cœur s’est nourri de tonnes de musique, essentiellement rock. Mais le jazz est sacré, sacré comme le commencement du monde. Et il faut fatalement en passer un jour par Oscar Peterson pour en saisir le plus fidèlement possible l’inégalable pouvoir sur l’âme humaine. Quelque chose électrise dans le jazz d’Oscar, cette intempérance dans le phrasé ou cette boulimie de croches doubles, triples, quadruples, en tendant bien l’oreille on peut l’entendre marmonner parfois des exhortations sourdes à se surpasser lui-même, soit dans un pont mélodique difficilement franchissable qu’il détourne en viaduc, mais désinvoltement titillé d’un auriculaire frondeur, soit en plaquant avec une patte d’ourson pas du tout pataud quelque prodige d’accord de tierce, purement technique celui-là, pour le coup, à couper la respiration si on a bien suivi le truc de A à Z…

Nous sommes le 20 Juin 2005 et on est bien d’accord sur le principe : Oscar Peterson est mon plus grand pianiste de tous les temps du jour. Demain ce sera peut-être Erroll Garner, et sans doute Bud Powell ensuite. Mais l’Oscar qui m’occupe ici est le seul à happer directement la chair et les tripes de l’auditeur sans forcément convoquer l’âme. Obsédé par le binaire en gardant toujours un œil sur la confection ténue des arpèges. Listen : la modulation, l’amplitude de la main même pas si largement ouverte qu’on pourrait le croire, la maîtrise simultanée de l’espace et du temps. Wait and see (et pour ce faire fermez juste un instant des yeux, les vôtres, qui ne sauraient absolument tout voir, mais RESSENTIR) :

Nous longeons tout d’abord un lac, avec une petite île dense et exubérante aux arbres pliant sous des flopées de cormorans. Et peut-être installerons-nous en fin d’après-midi notre campement auprès d’une mare, mais autre chose pour l’instant nous requiert. C’est que depuis quelques heures nous avons assez inexplicablement suivi sans encombre la progression bizarre des éléments : orage, vent, pluie, puis soleil de feu et ciel azur, et enfin brouillard blanc tenace au ras de l’eau… Nous faisons sur la berge humide une halte de quelques instants, scrutons les eaux grises dans le silence du lac. On a beau d’abord écarquiller les yeux et prier Dieu sait quoi : rien, désespérément rien. On se rêverait plutôt dans un petit parc propret de chez nous, longeant des châtaigniers dociles en sirotant des sorbets sucrés… On en est là de notre réflexion et on n’est guère plus avancés.

Peut-être ne dévoile-t-on alors un pan du mystère que lorsqu’on aperçoit – un grand verre d’eau ne serait pas de refus – à quelques encablures de la rive – et cette odeur de vase comme une sphère écumante – le tremblement balourd des eaux, en cercle, autour de deux imposantes montagnes grisonnantes : lorsque la bête sort et s’ébroue on est suffoqué qu’une telle masse puisse receler une telle promptitude émouvante… Oscar est cet hippopotame leste et gracieux qui vient à vous dans une sorte de vivacité à rebours défiant ses propres lois physiques, rapidité inversée, invisible à l’œil nu, qui tient dans le scintillement du sourire, dans l’effarante virtuosité technique bien sûr, et conséquemment dans la rapidité d’exécution des dix doigts, mais aussi (et principalement ?) dans ce rapport «aisance/placement/science du corps dans l’espace» parfaitement maîtrisé.

Oscar Peterson est aussi lourd que léger, gonflé comme un dirigeable et précis et vivace sur son clavier comme un lance-roquettes, ce n’est pas un hippopotame mais une truite qui vous nargue, se faufile confusément au travers des roseaux, finissant toujours par vous échapper… sa grosse masse moulée dans la glaise du jazz pur cache difficilement une nature de ouistiti mais tout passe par les mains, la fulgurance des idées et les jets de lumière d’une intuition qui bout…

Le corps dodu de Peterson recèle de ces grognements de bonheur, ces gros yeux qui roulent, qui s’illuminent et dardent envoient de tels signaux de joie profonde qui touchent d’emblée à l’estomac, comment croire que de ce zeppelin ébène surgit et s’éclabousse un tel génie inné de l’élégance et de la légèreté ?

Oh, sans doute comme moi en avez-vous assez de subir des pis-aller à longueur de journée, pour que le tableau peut-être soit complet faudrait-il aussi énumérer toutes les fadaises de l’époque, ces œuvres bâclées et ces messages vides, ce sentiment de n’être rien, ces chants qui ne remuent pas la surface de l’eau ni la frontière entre le vivre et le mourir, cette frontière niée et pourtant à partir de laquelle nous ne serions que statues molles, barques au gré de courants capricieux ou fontaines asséchées… écouter Oscar Peterson c’est partir en pleine forêt la nuit, dans cette profondeur étonnante et sans avoir peur ni tergiverser, sans même non plus savoir ce que le retour vous réserve… Il paraît que chacun quel qu’il soit peut se construire un destin. Celui d’Oscar Peterson fut extrêmement clair : devenir un des plus vivants totems de tous les âges du jazz.
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dom's
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MessageSujet: Re: [RIP] Oscar Peterson   [RIP] Oscar Peterson EmptyLun 31 Déc 2007, 19:05

Tiens, en illustration de ton beau texte :
Avec Ray Brown et NHOP aux deux contrebasses
Oscar Peterson - You Look Good To Me
Wink
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