Prince rock ou pas rock ?

Le rock’n’roll chante bien sûr dans la chair rose de son larynx. Prince, s’il prend le blues à la gorge, malaxe le funk, transmet la fièvre soul et transmet le relais jazzy, choisit bien évidemment le rock comme courant porteur : il n’y a de limite à l’art (et à la manière) de Prince que celle du temps, ce en quoi le binaire du rock prend ses droits et s’affirme. Dès l’album «Controversy» et même avant, dans «Dirty mind» : "When you were mine". Selon bon nombre d’exégètes, ce fut sa première œuvre d’excellence. Ils n’ont peut-être pas tort. Moment d’écoute et d’éblouissement. Les guitares, constellées de poudre de diamant, encerclent une mélodie parfumée comme la chair rose d’une jeune fille. Et puis il y a cette basse ouatée, comme évoluant dans une brume lumineuse, ces claviers aiguisés rehaussant le moindre détail… une sensation globale. Une impression de naturel, de grâce innée intouchable. L’instant aussi où Prince sans doute accepte son destin de sauveur, en gagnant peu à peu les territoires du rock’n’roll blanc – même si "Bambi" déjà posait les jalons furibards et métalliques. Ce rôle de messie, il l’assumera jusqu’à la névrose, ne reculant devant rien, collant au plus près à ce sort sans merci qu’il avait fait sien : devenir le démiurge tant attendu de la nouvelle cause rock dans des charts policés ("Lets’ go crazy", "When doves cry"). Son règne tiendra finalement à peu de choses : la jonction de deux univers, ce qui auparavant posait tout de même un problème. Prince ensemence dès 1980 sa fusion entre le noir et le blanc, emprunte au Hard-rock, à la pop alambiquée, aux bigarrures psychédéliques. Il n’y manquera pas un maillon. Pas un faux pli, pas une hésitation coupable au moment de conclure, pas un atermoiement. La critique sera abasourdie, fascinée, dithyrambique. Prince la tient par sa boulimie tapageuse, sa capacité effarante à produire, sa prodigieuse créativité. Sa période 1984/88, à ce titre, est exemplaire. On constatera peut-être ensuite qu’une certaine candeur s’est envolée. Les années 80, très molles par ailleurs, avaient rendu l’âme. Sans un regret pour personne.

Miles Davis disait de lui que c'est un mix de Charlie Chaplin et de Duke Ellington, pas mal vu...
perso je le trouve beaucoup plus soul-funk que rock, le digne successeur des James Brown, George Clinton et autres Curtis Mayfield, sans oublier une forte influence hendrixienne dans son excellent jeu de guitare. Mais bon le dernier album que j'avais bien aimé (et cette pochette, waou !) est Rainbow Children, après je reste assez déçu par des choses comme News, 3121 et Planet Earth...

dom's a écrit:

Miles Davis disait de lui que c'est un mix de Charlie Chaplin et de Duke Ellington, pas mal vu...
perso je le trouve beaucoup plus soul-funk que rock, le digne successeur des James Brown, George Clinton et autres Curtis Mayfield, sans oublier une forte influence hendrixienne dans son excellent jeu de guitare. Mais bon le dernier album que j'avais bien aimé (et cette pochette, waou !) est Rainbow Children, après je reste assez déçu par des choses comme News, 3121 et Planet Earth...

tout à fait d'accord pour "Rainbow children", son dernier grand disque

le grand public connaît plus le Prince funk que l'autre et pourtant, quand on fait le décompte précis de ses morceaux, sans distinction de succès commercial ou quoi que ce soit, il y en a plus dans la mouvance pop-rock que dans celle soul-R'n'B... il a même très souvent tapé dans le Hard-rock - n'allons pas jusqu'à dire le Metal avec des morceaux comme "Zannalee", "The ride" ou "I like it there"...

judicieuse intervention en tout cas, dom's...

merci
mais c'est vrai qu'à la réflexion on peut trouver de la pulsation rock chez Prince, ne serait-ce que dans ses soli de guitare bien souvent ....
c'est quand même un killer ce bougre !