Coltrane revisited

ATTENTION pas n'importe quelle œuvre, Ascension, pas par n'importe qui, l'Orkestrova, pas avec n'importe qui, Fred Frith & Ikue Mori entre autres qui sont venus leur prêter main-forte.
Une bonne grosse claque comme on aime en recevoir de temps en temps !

Boumbah! a écrit:

ATTENTION pas n'importe quelle œuvre, Ascension, pas par n'importe qui, l'Orkestrova, pas avec n'importe qui, Fred Frith & Ikue Mori entre autres qui sont venus leur prêter main-forte.
Une bonne grosse claque comme on aime en recevoir de temps en temps !

miam !

Mon Cher et Noble Ami à moi que j'ai, pourriez-vous s'il vous plait m'en dire plus à cet égard ? un lien par exemple ?...

Merci 1000 fois par avance

dom's a écrit:

Boumbah! a écrit:

ATTENTION pas n'importe quelle œuvre, Ascension, pas par n'importe qui, l'Orkestrova, pas avec n'importe qui, Fred Frith & Ikue Mori entre autres qui sont venus leur prêter main-forte.
Une bonne grosse claque comme on aime en recevoir de temps en temps !

miam !

Mon Cher et Noble Ami à moi que j'ai, pourriez-vous s'il vous plait m'en dire plus à cet égard ? un lien par exemple ?...

Merci 1000 fois par avance

http://www.orkhestra.fr/catalog.php?FIND=ALP159

Le grand, le gigantesque, l’inénarrable et incoercible John Coltrane, son incohérence simplissime et ses colossaux couacs de rêve déposés sur la portée des alignements carrés post-be bop… que dire encore qui n’ait été suggéré, susurré ou tout simplement même pensé dans vos télépathies moites de fans avides…Coltrane est le premier dans l’histoire du jazz à orchestrer le chaos, avec et sans la technique, dans et en-dehors du cadre, instinctif et physique, quasiment athlétique et toujours métaphysique comme les grands jazzmen seuls – cette science de l’espace-temps qui arrange et juxtapose tous les arbitraires, les hasards, les accidents de parcours et les anecdotes, les faux rebonds et autres pétages de plomb tombés à-propos dans la gueule du loup. Et comment passer sexuellement sous silence ce pouvoir invraisemblablement érotique qui combine à l’aise pression atmosphérique et annulation par le vide d’un trop-plein d’amour et de haine conjugués, tout ce picotage de chair de poule convulsif gravitant au-dessus des faits divers, fou de plaisir de s’exhorter lui-même bien au-dessus du panier de crabes des hommes…

Le swing de Coltrane n’est certes pas un anti-swing comme ont pu le décréter un certain nombre de puceaux blancs représentatifs du jazz à lunettes et sweat US, mais un swing tant et si bien ralenti qu’il atteint par contrario au bouillonnement suprême : celui des atomes et des molécules, origines et propagation de ces origines, pullulant et grouillant en silence à fleur de peau sous un corps inamovible, quand le tintamarre rythmique s’efforce tant bien que mal d’étouffer le bruit assourdissant du chaos du silence… On pourra aller jusqu’à dire que le bruit de Coltrane s’accouple au silence de Miles, pour peu qu’on manque d’imagination, bien sûr.

Les chorus de Coltrane atteignent les palais de marbre binaires, ruisselant de pierreries baroques et festonnés d’enluminures rococos et tarabiscotées… ils y parviennent non par l’harmonie, mais par le démantèlement de celle-ci au profit du plus éclatant bordel qui soit… alors dans tous les registres, criards et ululant, ahanants ou seulement bredouillés, dans de vagues cohues de notes informes répétées sans fin ou dans la somptueuse majesté, soudain, de suites d’accords étirées à l’extrême, le jazz franchit les lignes de mire et éclate la métrique… et cela bien sûr dans des effets de cuivre hoquetant – avec tout le bruissement sous-jacent d’une nuée d’oiseaux braillards dont on n’aperçoit pourtant pas la moindre plume… partout les chorus fumants s’appellent et se répondent en un ping-pong de flèches au curare qui traversent l’écran mat des apparences et atteignent en de brefs crépitements solaires le tympan…

Il serait ô combien tentant d’affirmer péremptoirement – toujours les mêmes puceaux à lunettes – que le sax est un sexe, quand celui de Coltrane est avant tout l’émanation d’une âme, tout le bruit agressif qu’il crée lui tombe dessus et la secoue comme elle le mérite coincée dans ses chapelles, jusque dans les sifflements salivaires des anches, l’âme dans son apitoiement d’usage faussement candide et stellaire triturée dans la machine du jazz…

Bon, quand ça joue – avec Coltrane on dit qu’il joue et on pense « ça » joue – quand ça joue donc, le premier truc à ressentir c’est les entrailles qui se froissent dans le plexus… puis on voit, autant qu’on imagine sinon plus, les muscles autour de la bouche tendus comme des câbles, les riffs ne se laissant aucun répit, tout s’enclenche et s’enchaîne à la queue leu leu dans un coulis de pâte fondue dont la fureur du thème principal est enduite… on voit aussi et surtout la bouche et le regard, et aussi les mains, le dos voûté, les musiciens de jazz ont ce génie d’incarner leur corps mieux que quiconque, les notes et les accords sont aussi là pour ça, on voit la bouche carminée de Coltrane en gros plan, ourlée sur les coins et plissée en frac sur le bec du sax, la langue cachée là-bas derrière ou tantôt rabattue comme un clapet à ouvrir ou fermer les écoutilles par lesquelles l’air balaie les périmètres de la mélodie pour les remettre au propre… alors que certaines croches tintinnabulent et que d’autres exaspèrent l’équilibre jusqu’à le faire exploser, des dièses vicieux vous tirent des larmes en glissando tranquille, on se dit soudain, pourquoi pas, que Coltrane joue « contre » nous, pour personne et « contre » nous, nous et notre sale petit ego de blancs-becs merdeux impénétrables…

En vérité on se fourre tous le doigt dans l’œil et nos visions trop clairvoyantes pour être honnêtes, et qu’on jurerait pourtant définitives et fermes, capitulent dès le retentissement du premier cri du sax… ou, blêmissants et mouillés dans nos langes d’amateurs de pop FM (cette horreur incarnée), on se pâme d’une admiration hors sujet et aveugle qui les insulte tous, les Parker, les Miles et les Coltrane tous consuls à fendre l’âme noire de la royale patrie jazz d’une pierre blanche, sans voir que ceux-ci ont, et à tout jamais, troublé les plus sûres intelligences de tous les temps des deux faces de l’espèce (blanche et noire) au point d’imposer à leurs règles communes, si souvent galvaudées, la conviction de l’inutile. C’est peu de dire que Coltrane déteste les blancs : il les dégobille par tous les pores de l’épiderme. Par le plus sûr moyen et le plus grand panache recelant la plus intime pulsation de l’être original : le saxophone ténor. La musique de Coltrane infantilise les blancs.

Bien sûr, il faut avoir le cœur bien accroché pour écouter Coltrane, alors que chez Miles ce serait plutôt les couilles ou les yeux chez Parker… à la fois mathématicien purement intuitif (les grilles harmoniques défenestrées par de bien telluriques et réalistes chimères) et éjaculateur tardif primairement priapique (plongeant tout cru dans l’abîme charnel des laves), le Trane dresse des équations contradictoires et absconses dans le seul et unique but de nous rendre tous cinglés. En fait, c’est à croire qu’il ne s’intéresse qu’à notre délabrement mental, joie insurpassable pour lui que nous fussions mabouls, marchant sur la tête et comptant nos années perdues avec désespérance… Il accumule les dérapages comme on enfile des perles et atteint à cette sorte de préciosité du swing où il ne subsiste qu’un temps, celui d’une mesure divine au-delà justement de ce temps. Be-bop, Free-jazz, dodécaphonisme : Coltrane les résume tous, tout en les surpassant.

Je crois que j'aurais du mal me lasser de te lire (en même temps j'adore lire tout ce qui a rapport au jazz et à la musique), il ya de très bonnes expressions et images dans ce que tu dis...

Boumbah! a écrit:

ATTENTION pas n'importe quelle œuvre, Ascension, pas par n'importe qui, l'Orkestrova, pas avec n'importe qui, Fred Frith & Ikue Mori entre autres qui sont venus leur prêter main-forte.
Une bonne grosse claque comme on aime en recevoir de temps en temps !

Je confirme, c'est du waow !!!

Pour info la liste des gens qui jouent de leurs instruments dedans :





Bass - Fred Frith
Drums - Don Robinson
Drums [Drums Machine], Sampler - Ikue Mori
Electronics - Chris Brown
Guitar - Nels Cline
Producer - Jon Raskin, Larry Ochs
Saxophone [Alto] - Steve Adams
Saxophone [Baritone] - Jon Raskin
Saxophone [Soprano] - Bruce Ackley
Saxophone [Tenor] - Larry Ochs
Turntables, Electronics - Otomo Yoshihide
Violin - Jenny Scheinman
Violin, Effects - Carla Kihlstedt

Yoshihide et Ikue Mori je connais de nom (et un peu d'oreille)...

moi aussi, (et pas que...)
et Larry Ochs du Rova saxophone 4tet en plus !!!
je le vis dans le Maybe Monday de Fred Frith avec aussi Miya Masaoka au koto midifié et au McIntosh, quel souffleur fou !
ce line-up de oufs !


donc c'est celui-là ...

Electric Ascension par Rova Orkestrova

Oui, j'avais entendu parler de ça, je crois même l'avoir dit à un d'entre vous ! Allez qu'il se dénonce !!!

Je l'ai toujours pas écouté par contre, honte sur moi. Voilà plus d'un an que je suis supposé me le trouver. Je vais faire un tour sur le web de ce pas

Fred Frith est vraiment partout !

BzL a écrit:

Oui, j'avais entendu parler de ça, je crois même l'avoir dit à un d'entre vous ! Allez qu'il se dénonce !!!

Je l'ai toujours pas écouté par contre, honte sur moi. Voilà plus d'un an que je suis supposé me le trouver. Je vais faire un tour sur le web de ce pas

Fred Frith est vraiment partout !

Si tu veux, je peux...

(vous pouvez le dire ? oui, je peux le dire )

perso, je viens de le commander...

OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIII