Je ne pouvais pas faire autrement que d'assister à cette soirée.
Soirée en l'honneur de François Chassagnite qui nous a quitté cette année.
Soirée des trompettistes et présence de mon ami Paolo Fresu.
Ibrahim Maalouf: Ibrahim Maalouf (trompette), Frank Woeste (Fender Rhodes), François Delporte (guitare), Laurent David
(basse électrique), Xavier Rogé (batterie).
C'est à Ibrahim Maalouf qu'est revenu l'honneur d'ouvrir le ban. Ce franco-libanais élève de Maurice André et
lui-même professeur, perpétue une musique d'inspiration libanaise voire arabo-andalouse. Aidé en cela par une
invention de son père, Nassim Maalouf, un quatrième piston. Il lui permet d'exécuter l'ensemble des modes
mélodiques propres à la musique savante arabe (les maqâms).
J'avais eu l'occasion d'entendre et de rencontrer Ibrahim à Bordeaux il y a deux ans. J'ai retrouvé à Marciac, deux
ans après, un musicien toujours aussi gentil mais proposant des compositions extrêmement abouties.
Nils Peter Molvaert: Nils Peter Molvaert (trompette), Stian Westerhus (guitare), Erland Dahlen (batterie).
Une performance du trompettiste norvégien qui fera date à Marciac. Il fallait oser! Une scène où il ne se passe rien
(en apparence). Des écrans géants qui proposent des images psychédéliques en noir et blanc. Des sons, des bruits
des boucles électroniques, des samples d'autres sons. On croirait du Pierre Schaeffer.
N'étaient les "cris" de la guitare cela pourrait être planant.
Une bonne moitié du chapiteau quitte les lieux. Surprise, incommodée, frustrée car on annonçait un trompettiste
et de trompettiste on ne voyait point. Pis encore, on n'entendait pas le son d'une trompette.
Il est vrai qu'on peut toujours se poser la question du "pourquoi se servir d'une trompette pour faire des sons et
des bruits que l'on pourrait générer électroniquement"?
S'ils étaient restés jusqu'au bout, les déserteurs auraient entendu (et vu en noir et blanc) Nils Peter Molvaert jouer
une version "convenable" du standard Nature Boy.
Un coup de chapeau à la programmation qui ose aller vers d'autres horizons musicaux.
Paolo Fresu Italian Quintet: Paolo Fresu (trompette/bugle), Tino Tracanna (saxs téor et soprano), Roberto Cipelli (piano), Attilio
Zanchi (contrebasse), Ettore Fioraventi (batterie).
Ceux qui ont écouté l'album "Songs Lines" savent combien c'est un régal d'entendre ce 5tet Italien.
Les choses avaient pourtant bien mal commencé. Paolo, qui n'a pas son pareil pour monter des plans de vols
improbables, atterrissait à Toulouse Blagnac avec 2h1/2 de retard...et sans ses bagages. Il faut préciser le plan
de vol en question: Départ de Bologne (ville où demeure Paolo) avec Sonia et Andrea direction Milan Malpensa.
Là, femme et enfant partent pour Olbia (Sardaigne). Pendant que Paolo s'envole pour Munic où l'attend une
correspondance pour Toulouse Blagnac. Elle est pas belle la vie?
Fort heureusement, il ne quitte jamais sa trompette et son bugle, mais les 2h1/2 ajoutées aux 2h de route pour
rejoindre Marciac font que le soudcheck est décalé et écourté.
Mais revenons à la musique.
Que dire qui n'est pas déjà été dit? Il y a plus de 20 ans que le quintet tourne. Tout n'est que complicité.
Tino Tracanna est à mon sens l'un des tout premiers saxophonistes au monde! Roberto Cipelli est un immense
pianiste compositeur, hélas pas assez reconnu. Attilio Zanchi et Ettore Fioraventi sont plus que contrebassiste et
batteur. Ils sont de vrais solistes qui ont leur part dans la réussite de l'ensemble.
Paolo ? Le son, le lyrisme la délicatesse (j'ai déjà dit ça à propos d'Enrico Rava...qui fut son maître).
Pourquoi avoir programmé ces trois concerts dans la même soirée? Beaucoup de personnes ont quitté le chapiteau avant la fin (2h du matin).
Du coup Dom's et moi sommes partis ramener Paolo et ses copains à Toulouse. Nous y sommes arrivés à 4h(AM). Paolo reprenait l'avion à 5h30 pour Munich, Milan et Olbia où
il allait retrouver sa femme son fils et son festival Time In Jazz à Berchidda.
Une dernière précision, Marciac était le cinquantième concerts de la série:50 ans, 50 concerts, en 50 jours. Du stakanovisme non?
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